LES RETRAITES EN OR DU CREDIT AGRICOLE

Publié le par FO CREDIT AGRICOLE LANGUEDOC



LES RETRAITES EN OR DU CREDIT AGRICOLE




Le deal aurait dû rester confidentiel. En tout cas, il n'était pas prévu que le régime exceptionnel de retraite chapeau du Crédit agricole soit rendu public. Seulement voilà, les syndicats de la banque verte s'estimaient malmenés par la direction. Après mûre réflexion, les délégués ont décidé de cracher le morceau.

L'affaire remonte à 2005, quand FO, en mettant son nez dans les comptes de l'année précédente, découvre le pot aux roses: le Crédit agricole du Nord-Pas-de-Calais a prélevé la coquette somme de 7,7 millions d'euros, destinée à alimenter un fonds de retraite complémentaire à l'usage des cadres dirigeants du groupe. Autrement dit, ces 7,7 millions représentent la participation de la banque régionale au financement des retraites chapeau des directeurs généraux, de leurs adjoints et des sous-directeurs de l'ensemble du groupe. Soit une élite de 320 collaborateurs sur quelque 66 000 salariés.

Gonflée, l'addition!
La direction, clairvoyante, a manifestement voulu anticiper les conséquences de la loi Fillon - qui prévoit d'allonger la durée de cotisation d'ici à 2009 et de supprimer les préretraites - et mettre le gratin de son établissement à l'abri des turbulences avenir. L'accord, conclu en avril 2003, n'en fait d'ailleurs pas mystère, qui justifie la mise en place de ses nouvelles dispositions par «l'évolution actuelle des régimes de retraites». Concrètement, depuis quatre ans, cette poignée de cadres supérieurs a l'assurance de partir à la retraite avec une pension équivalente à 70% de leur salaire brut. Soit, selon FO, 13 000 Euros net par mois en moyenne. Et, pour pouvoir prétendre à ce joli matelas, les inventeurs de ce régime maison - qui s'ajoute au régime de base et au régime complémentaire - ont fait preuve d'une générosité exemplaire. Le salaire de base, qui sert de référence au calcul de ces pensions en or, se fonde sur «la moyenne arithmétique des trois salaires annuels bruts les plus élevés parmi les dix années d'activités au Crédit agricole». Chapeau, vraiment! Pour gonfler l'addition, quelques compléments - le 13e mois, cinq jours de RTT lorsqu'ils ont été payés, les avantages en nature conventionnels, le supplément familial de salaire, le complément de salaire pour vie chère... - ont été ajoutés au panier, ainsi que des «éléments de rémunérations non conventionnels», comme les primes. C'est ainsi que le chapeau est devenu haut-de- forme. Certains cadres dirigeants nés entre 1942 et 1951 ont pu, de leur initiative, se mettre au vert avant leurs 60 printemps. En revanche, les candidats à la préretraite nés en 1952 et après doivent en faire la demande, qui peut être refusée. Mais rien n'empêche d'essayer... Contactée par Marianne, la direction centrale du groupe n'a pas souhaité faire de commentaire. Comble du comble, lorsque FO a dévoilé ce système interne de retraite dans un tract, la direction du Crédit agricole Nord de France a porté plainte pour diffamation. Mal lui en a pris: le jugement rendu en octobre 2006 lui a donné tort. Et le tribunal a estimé en prime que la procédure portait «atteinte à la liberté syndicale en tentant de limiter la liberté de parole et d'information de l'ensemble des salariés de l'entreprise».

Guerre des nerfs
La décision de justice, selon les syndicats, est restée en travers de la gorge des patrons. S'est ensuivie une guerre des nerfs de deux ans, dont le dernier rebondissement date du 5 juin dernier. Depuis ce jour, FO et  d'autres syndicats ne sont plus autorisées à envoyer leurs tracts par le courrier interne. «La direction s'érige en censeur de droit divin», tempête Jean-François Innocenti, délégué FO. A quoi la direction locale répond avec beaucoup de sang- froid: «Cette affaire est close. Les syndicats font de la surenchère à l'approche des élections prud'homales.» Et précise dans un communiqué qu'une douzaine de syndicalistes, ne parvenant pas à mobiliser, cherchent à discréditer l'image de l'entreprise.

Du sang-froid, il en faut, ces temps-ci, au Crédit agricole, qui a dû provisionner 5 milliards d'euros pour avoir investi dans les crédits hypothécaires américains (subprimes). Et qui, pour restaurer ses fonds propres, a dû lever 5,9 milliards en Bourse et auprès de son actionnaire majoritaire... les caisses régionales du Crédit agricole!


Article extrait de Marianne.



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